Faisons un point sur notre consommation de sel :
Selon l’OMS, nos besoins physiologiques en sodium sont estimés à 2g par jour (soit 5g de sel) .
Or, les français en consomment en moyenne entre 2 et 4g de plus quotidiennement !
Nous sommes donc de gros consommateurs de sel. Et cela d’une manière plus ou moins consciente. Je m’explique : nous ajoutons généralement du sel dans l’eau de cuisson, directement sur les aliments pendant la cuisson et allez, encore une petite lichette avant de déguster (souvent sans même gouter). Ceci est la face émergée de l’iceberg. Notre consommation « en conscience » si je puis dire.
A cela il faut ajouter le sel « caché », car si on prend le temps de regarder les étiquettes apposées sur les produits que nous achetons, nous nous rendrons compte de l’omniprésence de la petite ligne « sel » dans les tableaux de valeurs nutritionnelles. Le sel est en abondance dans le pain, la charcuterie, le fromage, les plats cuisinés (sans oublier les plats au restaurant ). Mais pas seulement ! Il est même présent dans les produits « sucrés ». Ce sel caché représenterait environ 80% de nos apports quotidiens.
Le sel est donc partout dans notre alimentation et c’est ce cumul qui le fait passer de minéral indispensable à notre santé à un danger pour celle-ci.
Pourquoi tant de sel caché ?
Le sel est un exhausteur de goût et un conservateur. C’est pour ces propriétés qu’il entre dans la composition de la plupart des aliments que nous consommons. Mais pas uniquement. Le sel serait également utilisé par l’industrie alimentaire pour augmenter le poids de ses préparations par rétention d’eau et ainsi faire payer plus cher l’aliment au kilo. Les industriels auraient également la main lourde sur la salière pour booster les ventes d’eau en bouteille et sodas divers, en jouant sur le pouvoir assoiffant du sel… Mais ne rentrons pas dans la polémique qui a fait l’objet d’un procès en mars 2008 entre le chercheur de l’INSERM Pierre Meneton qui pointait du doigt ces abus, accusé de diffamation par le Comité des Salines de France et qui a abouti à l’acquittement du chercheur.
Comment ce micro-nutriment essentiel peut-il devenir néfaste ?
Le sodium est vital à notre bonne santé et ce pour plusieurs raisons.
Il permet de retenir l’eau dans nos tissus. Il joue un rôle de régulateur hydrique y compris sur le volume sanguin. Il intervient ainsi dans le mécanisme de régulation de la pression artérielle.
De plus, il facilite la conduction nerveuse et la contraction musculaire et il maintient l’équilibre acido-basique.
Le sodium devient un danger lorsque les relations d’équilibre qu’il entretient avec le potassium d’un côté et le calcium de l’autre sont mises à mal.
L’équilibre sodium / potassium :
Il a été démontré que la consommation de sel augmente la pression artérielle
et ce d’autant plus que celle-ci est déjà anormalement élevée. Il revient donc aux personnes souffrant d’hypertension de limiter leur consommation de sel .
Il faut également surveiller ses apports en potassium, pour les personnes souffrant d’hypertension et les autres. En effet, le potassium va permettre de contrecarrer les effets néfastes du sodium sur la tension artérielle.
Si votre alimentation comporte assez de fruits et légumes, pas de panique, vos besoins seront couverts.
Selon l’un des spécialistes des dangers du sodium en France, la baisse de 30% de la consommation de sel réduirait de 16% le nombre d’infarctus du myocarde et de 22% le nombre d’AVC, ce qui représenterait près de 20 000 vies sauvées chaque année en France.
Un conseil pratique : ajoutez des amandes ou des tomates cerises à vos chips en apéro et commencez votre journée par un kiwi au petit déjeuner .
L’équilibre sodium / calcium :
Le sodium augmente l’excrétion urinaire du calcium. Il joue donc un rôle néfaste pour la croissance et le maintien en bonne santé de nos os.
De ce fait, il est primordial d’être très vigilant sur la consommation de sel des enfants. Un excès de sodium pourrait être préjudiciable pour leur croissance et la santé de leur squelette adulte.
En effet, le calcium assimilé pendant l’enfance et ce jusqu’à 20 ans environ participe à la formation de leur capital osseux. C’est une période charnière pendant laquelle un excès de sodium et donc une excrétion de calcium doit être évité. D’autant que certaines études mettent en évidence une carence en calcium chez près de 60% des adolescents…
Pour les plus de 20 ans et plus particulièrement chez les femmes après la ménopause, l’équilibre de la balance sodium/calcium est à surveiller pour entretenir son capital osseux. Car une carence en calcium (par excès d’excrétion, défaut d’absorption ou manque d’apport) augmente les risques d’ostéoporose .
Il est également à noter que lorsque le sodium se fixe au calcium pour l’évacuer, celui-ci peut cristalliser et former des calculs. Il est alors facilement compréhensible que les personnes consommant beaucoup de sodium aient davantage de risque de développer des calculs.
Un conseil pratique : privilégiez les fromages à pâte dure comme le comté ou le cantal car même s’ils contiennent beaucoup de sodium, celui-ci est compensé par leur forte teneur en calcium. A l’inverse, évitez les fromages frais qui contiennent peu de calcium et beaucoup trop de sodium.
Le sel pourrait également favoriser l'apparition de certains cancers du système digestif comme le cancer de l’estomac, mais également augmenter le risque d’ulcère de l’estomac. En effet, le sodium consommé en excès endommage la paroi de l’estomac ce qui pourrait favoriser l’infection de la bactérie Helicobacter pylori. Celle-ci est à l’origine d’une augmentation des risques d’ulcère et de cancer de l’estomac.
Par ailleurs, le nitrite de sodium ou sel nitrité, qui est utilisé comme conservateur dans de nombreuses charcuteries, est un composant reconnu comme favorisant le risque de cancer colorectal.
Au niveau esthétique, la consommation excessive de sodium entraîne des problèmes de rétention d'eau mais aussi de dessèchement des tissus et donc un vieillissement prématuré de la peau, au même titre que l’exposition prolongée au soleil ou le tabac.
Un excès de sodium peut également entrainer un risque d’obésité (pour une même quantité de calories ingérées) ou encore être responsable de réveils nocturnes pour uriner.
Que faire pour limiter notre consommation de sodium ?
Comme nous l’avons vu, notre palais est habitué au sel précisément par son omniprésence dans tout ce que nous mangeons. Supprimer totalement le sel n’a d’ailleurs d’intérêt que pour certaines pathologies graves.
Il ne s’agit donc pas de l’éradiquer totalement mais bien d’apprendre à le consommer en conscience. Le fait de savoir qu’il est déjà présent dans la majorité de nos aliments doit nous inciter à ne pas en rajouter. Par exemple évitez de salez l’eau de cuisson ou bien ne resalez pas après. Supprimer la salière à table et surtout cette mauvaise habitude qu’ont beaucoup de gens de saler avant même d’avoir gouté un plat.
Comme nous l’avons vu plus haut, limitez au maximum l’ajout de sel dans les repas des enfants. Eviter d’en ajouter à vos plats systématiquement en leur présence. N’oublions pas qu’ils nous observent… Ils prendront ainsi la bonne habitude de ne pas rajouter de sel, qu’ils conserveront à l’âge adulte.
De nombreuses personnes disent ne pas pouvoir se passer de sel. Un discours que l’on entend également au sujet du fromage pour certains ou du chocolat pour d’autres.
A ces personnes addictes, il est important de rappeler que même si elles sont en bonne santé aujourd’hui, qu’elles ne souffrent pas d’hypertension ou autre, les effets de l'abus de sodium peuvent mettre plusieurs années avant de se manifester. Autant prévenir que guérir.
Le sel relève le gout des plats certes. Au même titre que les herbes aromatiques, les épices, l’ail, l’oignon ou le citron, qui ont des vertus bénéfiques sur notre santé.
Insistons également auprès des fumeurs qui ont tendance à abuser du sel car leur goût est déjà altéré par le tabac.
Si vous ne pouvez pas vous passer de votre salière, augmentez votre consommation de fruits et légumes et préférez le sel issu directement des marais salants, non raffiné.
Si votre consommation atteint des niveaux problématiques vous pouvez tester le K-sel des laboratoires PiLeJe (qui contient plus de potassium que de sel de Camargue).
LE + :
N’hésitez pas à rincer vos légumes en conserve car ils « nagent » littéralement dans du sel…