par Isabelle Medina
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15 janv., 2021
Rappelons que le système digestif a deux rôles principaux : - La digestion: mécanique d’une part, par la mastication, la découpe par les dents et le pétrissage par l’estomac et l’intestin grêle, et chimique d’autre part, grâce aux enzymes digestives de la salive, la bile, les sécrétions gastriques etc.) - L’absorption des nutriments. La digestion est l’activité du corps la plus énergivore . Et cela d’autant plus si l’alimentation que l’on choisit n’est pas adaptée : trop abondante, trop riche, trop transformée etc. Mieux manger va permettre à notre système digestif de travailler de façon optimale. Cela passe par une meilleure alimentation mais également par une série de bonnes pratiques , simples, à mettre en place dès maintenant. La première d’entre elles est la mastication . En effet, comme nous l’avons évoqué, mâcher suffisamment permet de mieux digérer. Dans l’idéal, on ne devrait avaler les aliments qu’une fois réduits pratiquement à l’état liquide par la mastication. Si ce n’est pas le cas, car la mastication a été insuffisante, et que nous envoyons des morceaux à notre estomac, celui-ci devra travailler plus longtemps pour essayer de les ramollir suffisamment. Cette dépense d’énergie est énorme, et elle est source de coup de pompe après le repas. Tâche d’autant plus dure à réaliser s’il y a trop plein dans l’estomac, qui ne sera pas capable de malaxer les aliments en morceaux et la digestion va devenir très pénible. Autre point important, lorsque l’on prend le temps de mâcher, le cerveau a le temps d’analyser ce que l’on mange et donc de commander la production d’enzymes digestives spécifiques et non les enzymes standard moins efficaces. Ces enzymes adaptés vont pouvoir dégrader plus facilement et plus rapidement les aliments. Ce qui permettra une meilleure assimilation des nutriments par la suite. La suite justement a lieu dans le gros intestin. Là, la flore (composée de bactéries bien plus grosses que les enzymes) va s’attaquer à tout ce qui était trop gros pour ces dernières. Mais si le bol alimentaire qu’elle reçoit en contient en excès, notre flore va être trop nourrie ce qui va engendrer gaz, ballonnements, douleur et dans certains cas prolifération de flore pathogène. Ainsi, bien mâcher facilitera aussi le travail des intestins. Sachez également que la ptyaline, enzyme nécessaire à la bonne digestion des amidons, ne se trouve que dans la salive. Cette même salive participe aussi à la dégradation des sucres : alors mâchez vos soupes et vos yaourts et gardez un temps en bouche vos jus de fruits pour qu’ils s’imprègnent d’enzymes salivaires ! Lors de votre prochain repas pensez donc bien à mâcher et ayez en tête ce proverbe chinois : « Il faut boire les solides et mâcher les liquides ». Pour faciliter votre digestion, il est important de ne pas trop boire au cours du repas. Un verre maximum . En effet, l’eau dilue les enzymes digestives et gonfle l’estomac ce qui va compliquer sa tache comme nous l’avons vu plus haut. Limitez les aliments que vous avez du mal à digérer (si c’est le cas pour vous des choux, des légumineuses, des crudités, de l’oignon cru etc.), les aliments trop épicés si vous n’en avez pas l’habitude. Evitez le plus possible les aliments gras qui vont ralentir l’évacuation des aliments hors de l’estomac : un repas copieux c’est une digestion ralentie et donc un gros coup de fatigue à prévoir. Evitez les excès de sucre raffiné (comme les pâtisseries) qui entrainent une fermentation excessive, et les abus de protéines (surtout animales) responsable d’une putréfaction, facile à comprendre si on compare notre tube digestif à celui des félins par exemple. En effet, le tube digestif d’un omnivore nous permet à la fois de digérer végétaux, céréales, fruits, légumes et légumineuses, mais également les protéines animales même si la digestion de celles-ci est plus laborieuse. Notre appareil digestif n’est pas adapté à une alimentation carnée abondante : notre tube digestif est trop long. Les carnaciés exclusifs ont un tube digestif nettement plus court ce qui évite la putréfaction des protéines car elles ne séjournent pas longtemps dans le tube digestif. Nous n’avons pas non plus le tube digestif d’un ruminant, plus long et plus complexe qui permet une digestion par fermentation des glucides et des végétaux. Mais nous les digérons globalement mieux. D’où la préconisation d’un flexitarisme : 80/20 composé de 80% de produits d’origine végétale et 20% maximum d’origine animale. Mais soulignons tout de même ici l’importance des protéines, nécessaires (entre bien d’autres choses), à l'élaboration des enzymes digestives. L’idéal étant d’éviter les repas compliqués. Le mélange de multiples aliments va probablement induire de mauvaises associations alimentaires qui vont immanquablement ralentir la digestion et fatiguer notre organisme, mais également entrainer une mauvaise assimilation des nutriments et une fermentation intestinale. Voici quelques exemples de mauvaises associations alimentaires : Protéine forte + amidon fort dans des proportions égales (exemple viande rouge et purée de pomme de terre) ou encore terminer le repas par un fruit cru (sauf si vous en avez l’habitude et que cela ne vous pose pas de problème) car le fructose qu’il contient est digéré par les intestins, or si le fruit est piégé plusieurs heures dans l’estomac, il va fermenter, son sucre se transformer en alcool et provoquer des maux d’estomac et des remontées acides... Il est à noter que la consommation d’aliments réchauffés baisse considérablement leur digestibilité, d’autant plus si cela est fait au micro-ondes (qui combine altération de la digestibilité et naissance de molécules nocives pour l’organisme). Sachez également que les enzymes digestives se font plus rares le soir. D’où l’importance de manger plus léger au dîner . D’autant que l’organisme doit digérer rapidement afin de passer en phase d’élimination au cours de la nuit ce qu’il ne pourra pas faire correctement si le repas du soir est trop copieux ou trop tardif. Mais attention, il n’est pas question de sauter le repas du soir car de la même manière qu’un repas trop copieux nous empêche de bien dormir, aller se coucher le ventre vide entrainera immanquablement des difficultés d’endormissement et de probables réveils nocturnes ! Attardons-nous également sur le grignotage , le non-stop alimentaire. Une autre pratique courante qui épuise notre système digestif. En effet, la suralimentation qu’il entraine est responsable d’une prise de poids mais également source d’intoxication de notre corps car nous sommes souvent attirés à ces moments-là par des aliments gras, sucrés ou souvent les deux, qui apportent à l’organisme des éléments inutiles voir nuisibles… De plus, prendre un aliment quel qu’il soit (carré de chocolat, petit gâteau, bonbon, fruit) 1 à 3h après la fin d’un repas change la nature biochimique du bol alimentaire, cela déprogramme la digestion qui était en cours et oblige l’organisme à relancer une nouvelle digestion. Nous privons alors notre organisme du repos digestif qui lui est nécessaire entre deux repas (3h au moins, 6h dans l’idéal). Il sera intéressant ici de chercher à comprendre les raisons de ces compulsions qui peuvent être le reflet d’une carence que l’organisme cherche à combler (alimentaire ou autre). Enfin, soulignons l’importance de manger dans de bonnes conditions , sans précipitation, sans stress, sans se lever de table sans arrêt, de manière détendue. C’est à cette condition que nous serons disposés à prendre le temps de bien mâcher, prendre conscience de ce que nous mangeons et de la quantité (pour que la sensation de satiété survienne au bout d’une vingtaine de minutes). Evitez au maximum de manger devant la télé, l’ordinateur, le téléphone. Profitez du moment qui doit rester un bon moment pour faciliter la digestion ! Pensez également à adopter une bonne posture : le dos droit sans être avachi sur votre estomac qui ne doit pas non plus être comprimé dans des vêtements trop serrés. Enfin, évitez de vous allonger directement après le repas, attendez au moins une heure avant de vous coucher. Notez que pour certains naturopathes, avoir des symptômes digestifs est considéré comme un cadeau. Car par ce biais le corps sonne l’ alarme avant d'avoir des déséquilibre bien plus graves et durables. Il s'agit alors de changer ses habitudes alimentaires, travailler sur la quantité, la qualité, la cuisson des aliments que nous consommons et la manière dont nous les consommons. Tout en maintenant, par ailleurs, une bonne hygiène de vie générale (un sommeil de qualité, une activité physique modérée quotidienne, une respiration profonde et complète etc.) Pour prendre soin de votre système digestif, je vous conseille de veiller à un apport suffisant en fibres (mais sans excès), de magnésium et de potassium. De privilégier la cuisine à l’huile d’olive (la plus digeste), de piocher abondamment dans les herbes aromatiques qui facilitent la digestion : aneth, coriandre, basilic, ciboulette… de profiter quotidiennement des bienfaits d’une tisane de menthe poivrée, de mélisse, de thym (selon vos goûts). Et pourquoi pas de tester le jus de carotte et l’eau de coco pour leurs propriétés digestives ! Pensez également aux produits de la ruche : le miel facilite la digestion, le pollen et la propolis tamponne l’acidité gastrique et régule le transit. Si malgré tous ces conseils (que vous pouvez appliquer dès maintenant) votre digestion reste source de tracas, il serait judicieux de rechercher une éventuelle intolérance qui, la plupart du temps, concerne les produits laitiers ou le gluten. Le + : Faites régulièrement des cures de probiotiques et veiller à consommer quotidiennement des prébiotiques pour prendre soin de votre flore intestinale. Clé de voute d’un système digestif en bon état mais également d’un système immunitaire efficace et d’une bonne santé générale.